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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/200

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et Monsieur Gaston fut poussé dans cette porte, qu’il heurta et qui, la seconde suivante, se referma derrière lui avec un bruit sourd et lugubre.

Il se vit alors dans un large vestibule éclairé seulement par une porte vitrée garnie de rideaux blancs qui se dessinait à l’autre bout du vestibule. Et derrière cette porte éclairée de l’intérieur Monsieur Gaston saisissait un bruit de voix humaines et voyait des ombres se profiler sur la blancheur des rideaux.

Où était-il ? Mystère encore.

Ses trois gardiens l’avaient arrêté au milieu du vestibule. Puis l’un d’eux alluma une lanterne qu’il venait de décrocher de la muraille et tourna les rayons de cette lanterne sur une porte basse et d’apparence grossière percée dans le mur du vestibule.

La porte fut ouverte, l’homme à la lanterne s’effaça tout en dirigeant sa lumière sur un escalier que Monsieur Gaston voyait plonger vers un gouffre de noirceur d’où s’échappaient des courants d’humidité.

Vers ce gouffre Monsieur Gaston fut poussé…

Nous avons dit que la porte était basse ; mais Monsieur Gaston était trop préoccupé de son sort futur pour faire la moindre observation sur les choses et les êtres qui l’entouraient. Aussi, alla-t-il donner brusquement de la tête contre le cadre supérieur de la porte.

Il ne put retenir une plainte de douleur. À la plainte un ricanement répondit. Et, l’instant d’après, il dégringolait l’escalier criant et branlant, il atteignait un sol humide et, dans l’obscurité coupée de rayons blafards projetés par la lanterne, il se sentit rudement jeté dans quelque chose qui lui sembla avoir la forme d’une boite, puis, enfin, une porte se referma violemment sur la scène.

La minute suivante, Monsieur Gaston se voyait tout à fait seul, vivant dans la mort, avec la noirceur humide et lourde peuplée de spectres et de fantômes, suant, tremblant, agonisant de peur et d’horreur…

Il éprouva un étourdissement violent et chancela. D’instinct il étendit les bras comme pour se cramponner à quelque chose.

Alors, pour comble d’horreur, ses mains rencontrèrent des mains humaines qui saisissaient les siennes… Il voulut crier, sa voix se déchira dans son gosier… il tomba comme on tombe dans un rêve gigantesque… il s’évanouit.

Toutefois, son évanouissement fut de courte durée.