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— Voulez-vous me dire le numéro de l’appartement de monsieur Spalding : demanda-t-il.

Cette question ne parut pas étonner le commis qui avait aperçu le lieutenant en compagnie de Violette d’abord, et, ensuite, en conversation avec le docteur Randall ; et croyant que ces quatre personnages avaient des relations entre eux, il répondit à Raoul :

— Vous trouverez monsieur Spalding au numéro Dix… Si vous voulez que je vous fasse conduire ?

— Non… c’est inutile, je trouverai moi-même. J’ai oublié que j’ai une communication très importante à faire à monsieur Spalding.

Le commis s’inclina pour se remettre à sa besogne, et Raoul gagna l’ascenseur qui revenait : la minute d’après, il montait à son tour…


XIV

L’ENTREVUE ORAGEUSE


Nous avons dit que l’appartement du millionnaire se composait d’un fumoir, d’une chambre à coucher et d’une salle de toilette.

La porte du fumoir était entre-baillée lorsque l’employé de l’hôtel arriva précédant Violette. Il heurta légèrement la porte, l’ouvrit tout à fait, et s’effaça pour laisser passer la jeune fille.

Violette entra.

Or, par une porte toute grande ouverte donnant sur la chambre à coucher, le premier regard de Violette tomba sur une fille de chambre, — une normande, haute en couleurs, forte en formes, au jupon court, à l’œil hardi accorte et rieuse.

Et le second regard de Violette surprit Harold pinçant la Normande sous le bras gauche.

Violette rougit violemment.

Harold, qui venait d’apercevoir sa fille, pâlit et demeura confus et honteux comme un gamin pris en faute.

Mais sa confusion fut de courte durée. Il se ressaisit aussitôt, et faisant un geste de congé à la fille de chambre :

— Vous reviendrez faire la chambre tout à l’heure… quand je serai sorti. Et il appuya sur ces dernières paroles en jetant un coup d’œil sur Violette.

La fille de chambre obéit et gagna la porte du fumoir en passant devant Violette, très gênée et mal à l’aise, à laquelle elle lança un coup d’œil narquois.

Le père et la fille demeurèrent seuls, face à face. Et, au lieu de courir l’un vers l’autre, de se tendre mutuellement les bras après une séparation de plusieurs mois, tous deux restèrent à la même place, silencieux, gênés.