Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/221

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— Tu le veux ?… s’écria joyeusement Violette… Ah ! merci père !… Je savais bien moi, que tu n’étais pas méchant !… Ces paroles, elle les souligna d’un long et ardent baiser sur les lèvres de son père.

Il eut un sourire de paternelle tendresse. Puis, au même instant, il sentit un rouge furtif lui brûler le front. Et cette pensée terrible éclata :

— Suis-je digne d’une telle affection ?… Puis-je sans honte, sur mes lèvres avilies recevoir les baisers de ses lèvres pures ?…

Mais au même instant aussi l’amour ardent qu’il ressentait pour sa fille l’absolvait, et il reprenait, sa tranquillité d’esprit.

Et Violette, au sourire de son père, ajouta avec son accent de charmeresse :

— Tu vois… je suis déjà moins malheureuse !…

— Ainsi, tu as donc quelque gros chagrin à me confier ?

— Oh ! presque rien… des affaires qui te sont à coup sûr indifférentes.

— Quelles sont-elles ces affaires ?

— Me promets-tu auparavant de ne pas m’en vouloir, si, par hasard, je te disais quelque chose de contrariant ?

Encore, elle l’embrassait affectueusement.

Et gagné, tout heureux, le millionnaire répondait :

— Décidément, je ne pourrais t’en vouloir en rien, — puisque rien ne saurait me contrarier ce matin… surtout depuis que tu es là, ma petite charmeuse !

— Père, s’écria Violette avec un élan de sincère gratitude, je ne suis plus malheureuse du tout !… Ah ! je savais bien que tu m’aimais encore !…

— Et toi… aurais-tu un moment cessé de m’aimer ?

— Moi ?… jamais !… Tu le sais bien puisque je suis revenue !…

— Pour me voir seulement… sourit Harold avec une légère ironie au coin de ses lèvres.

— Pour te voir… pour te parler… pour t’embrasser… Et puis…

— Et puis ?

— Pour te demander quelque chose, père, acheva Violette avec un baiser.

— Et ce quelque chose ?… Je parie que tu redoutes un refus de ma part, sourit encore Harold dont la défiance semblait s’être tout à fait éclipsée.

— C’est vrai que je crains… un peu… fit timidement la jeune fille.

— Folle… puisque je t’aime. Et il était vraiment sincère à ce moment.