Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/250

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Puis tout à coup l’ivresse de la bataille le reprit…

L’envie d’une mort héroïque et glorieuse le saisit de nouveau et il murmura avec une sourde énergie :

— Cette nuit je rejoindrai mon bataillon et demain j’en serai encore !…


XIX

SOUS LA MINE


Le bataillon Saint-Louis n’avait pas été relevé… il avait été oublié dans sa tranchée comme l’était généralement tous les bataillons canadiens. Pendant que les Anglais étaient envoyés à l’arrière pour s’y délasser et jouer du football nos compatriotes crevaient d’ennui et de froid dans leurs trous.

Heureusement pour eux depuis l’affreux bombardement qui les avait baptisés les obus ennemis semblaient eux aussi les oublier. Et durant de longs jours ils avaient vécu fumant bâillant parlant beaucoup des absents attendant l’heure où l’on exigerait de nouveau leur sang et leur vie, prêts à tout donner sans un murmure, sans une plainte…

Depuis la charge glorieuse, les bons Boches de la tranchée opposée — les Boches comme les ap-