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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/257

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Enfin, ils s’arrêtèrent un instant pour reprendre haleine et prêter l’oreille.

Un silence funèbre régnait… On n’entendait plus la voix plaintive.

Une folle angoisse saisit nos deux amis.

Ils avaient pratiqué une ouverture assez large pour leur permettre de poursuivre leur route dans la galerie.

— Allons plus loin ! dit Marcil.

— Si nous allions arriver trop tard haleta Raoul.

— En avant ! rugit sourdement Marcil.

Il allait se précipiter par l’ouverture, quand il s’arrêta frissonnant, les yeux rivés sur quelque chose qui paraissait le frapper d’épouvante.

Raoul se rapprocha.

Puis Marcil pencha sa chandelle vers ce qui semblait l’hypnotiser. Et à la minute suivante cette clarté funèbre et vacillante découvrait à nos deux amis saisis d’horreur une tête émergeant hors des débris et cette tête était couverte de sang et de terre…

— C’est Jules !… souffla Raoul d’une voix étranglée.

— Hâtons-nous de le retirer de là ! fit Marcil.

Avec précautions ils écartèrent quelques pièces de bois entremêlées de cailloux et de terre, et le corps inanimé de Jules Marion apparut vaguement dans la demi-obscurité.

Il était à demi couché dans un amas de terre que traversait un énorme tronc d’arbre.

Après avoir examiné de ses mains la position du corps, Marcil comprit qu’au moment de l’explosion Jules avait été projeté par terre puis un tronc d’arbre soulevé par la force des explosifs était venu s’abattre sur le travers du souterrain juste au-dessus du corps du jeune homme retenant de la sorte une énorme quantité de terre et de pierres sous lesquelles Jules eût été complètement écrasé.

Mais le tronc d’arbre autant que Marcil put s’en rendre compte n’avait pas pesé sur la poitrine du jeune homme, et seule sa tête et la partie inférieure du corps avait été recouverte de terre.

Lorsque Jules eut été tout à fait tiré de sa terrible position un cri d’horreur s’éleva :

Aux pieds de nos deux amis gisait un corps en lambeaux… Jules Marion n’était plus qu’une loque humaine — le bras gauche et la jambe droite avaient été arrachés !…


XX

MONSTRUOSITÉ !


Raoul et Marcil demeuraient sans voix, livides et frissonnants devant cette chose affreusement mutilée.

— Il est mort !… balbutia enfin Raoul Constant atterré.