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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/265

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Pascal le conduit au petit salon où l’abbé reçoit son visiteur.

À l’apparition de l’inconnu, le prêtre s’est écrié avec un accent joyeux :

— Ah ! monsieur Durieux… Quelle bonne surprise !

En même temps il offre sa main tout ouverte au nouveau venu.

Ce dernier serre la main tendue et dit :

— Monsieur l’abbé, je regrette vivement d’avoir tant tardé à vous donner de mes nouvelles ; soyez assuré qu’il n’y a pas eu de ma faute.

— J’en suis sûr, répondit l’abbé Marcotte ; et du moment que vous êtes là, je suis rassuré et content. Asseyez-vous donc, je vous prie.

Et il indiqua un siège à ce monsieur Durieux qui, disons-le de suite, était un agent spécial attaché à la Préfecture de Police et l’un des plus fins limiers.

L’abbé offrit un cigare à monsieur Durieux, qui s’empressa d’accepter, et demanda :

— Eh bien ! avez-vous retracé cet Harold Spalding ?

— À Londres d’abord, il y a quinze jours, répondit l’agent.

— Ah ! ah ! il habite Londres maintenant ?

— Et Paris également, ajouta le limier avec un sourire énigmatique.

— Tiens, tiens… Il n’est toujours pas revenu au Provençal ?

— Pas que je sache.

— Alors ?…

— Voilà l’histoire, dit monsieur Durieux. Après la dénonciation « ante mortem » du capitaine Constant, — dénonciation qui a été corroborée par votre serviteur et un certain lieutenant Marcil, — et suivant leurs indications et les vôtres, je partis sur la piste dès les premiers jours de février. Malheureusement, je m’égarai : pendant que je fouillais Paris d’abord, Londres ensuite, notre homme était aux mains des autorités belges, au Hâvre.

— Bon, bon, fit l’abbé très intéressé par ce prologue.

L’agent poursuivit :

— Il avait été arrêté aux environs de Dunkerque. Un soir, paraît-il, il s’était trouvé nez à nez avec trois officiers belges sur une route déserte. À la vue des officiers, l’homme voulut se jeter dans un bois voisin ; intrigués par sa mine suspecte les officiers l’arrêtèrent. Puis après plusieurs questions auxquelles l’homme refusa de répondre, il fut conduit dans un camp militaire et, de là, au Hâvre. N’ayant aucun papier sur lui qui pût le compromettre, naturellement il donne un faux nom. Bref pendant trois semaines les autorités s’occupèrent activement de cet homme. À la fin, ne trouvant contre lui aucune preuve d’espionnage, on le relâ-