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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/296

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Pascal, sans réflexion, introduisit la visiteuse dans le petit salon.

Jules était à demi couché sur un sofa. L’abbé Marcotte, assis en un fauteuil placé près du jeune homme, lisait tout haut.

À la vue de l’inconnue en grand deuil, l’abbé surpris se leva vivement et s’inclinant avec une grande courtoisie, dit :

— Madame je regrette de me voir forcé de vous recevoir plus dans la chambre d’un malade que dans un salon… soyez la bienvenue.

Alors, l’inconnue releva son voile, et en même temps elle posait un doigt sur ses lèvres tristement souriantes.

L’abbé étouffa une exclamation de [illisible] en reconnaissant Violette Spalding.

Au même instant, avant qu’un seul mot [illisible] sorti de la bouche de la jeune fille ou de celle de l’abbé — qui expliquera ce fait étrange ? — Jules avait bondi et s’écriait avec une joie exaltée :

— Violette !…

Et elle, aussitôt, se précipitait vers le bien-aimé, elle tombait à genoux et saisissait [illisible] que main sur laquelle elle déposait des baisers ardents… des baisers humides de larmes [illisible]lantes.

Devant, ce spectacle inattendu et touchant l’abbé demeurait saisi, incapable d’une parole ni d’un mouvement.

Mais soudain la lettre menaçante de Spalding brûla son souvenir.

Il fit un effort pour se retrouver lui-même, puis il marcha à Violette qui se relevait.

— Mademoiselle, prononça-t-il d’une voix sévère, mais douce et tendre pourtant, il est de mon devoir de vous rappeler la lettre de votre père.

À ces mots la physionomie de Violette prit une expression d’énergie presque farouche, et ces paroles tombèrent, impétueuses, de ses lèvres [illisible]les :

— Monsieur l’abbé allez dire à mon père [illisible] j’attends sa malédiction. Car, fille maudite de mon père, je ne pourrai souffrir plus que je n’ai souffert séparée de celui que j’aime plus pardessus tout !

— Merci, Violette !… s’écria Jules, ivre de bonheur.

— L’abbé pencha sa tête sombre et pensive [illisible] demeurer muet.

— Monsieur l’abbé, poursuivit Violette d’une voix suppliante, vous ne voudrez pas que je [illisible]re, n’est-ce pas ?… Eh bien ! je peux [illisible]… je mourrai peut-être ! Ce sera ma douleur, mes tourments, mon amour anéanti, mon cœur brisé qui me tueront. Aujourd’hui il ne tient qu’à vous que je vive et que je sois heureuse… que nous soyons heureux, Jules et moi !