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Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/47

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Ah ! tu prends la défense de cet abbé en dépit de tout ! Tu te tournes contre moi ! Tu pactises avec mes ennemis, avec les ennemis de l’Empire ! Tu les supportes ! Tu prends fait et cause pour des révoltés, des imposteurs… Ah ! va-t’en, va-t’en, râla-t-il avec un geste terrible, car je ne sais plus si je pourrai me contenir davantage !

Et poussant sa fille vers la porte, il ajouta entre ses dents :

— Ah ! tu leur donnes raison ? Et bien ! moi, je dis qu’ils ont tort de nous braver, et je le prouverai bien à cet abbé d’enfer.

Et Violette, cette courageuse enfant, repoussée, chassée de la présence de son père, eut l’énergie de dire avec un accent de douce prière :

— Père, de la modération, je t’en supplie !

Lui, repoussant brutalement la porte sur elle, ajouta sur un ton de menace :

— Va-t’en, te dis-je !


Quinze jours s’étaient passés, et Harold Spalding n’avait pas mis à exécution ses menaces contre l’abbé Marcotte.

Tel que l’avait décidé ce dernier, la classe de Jules Marion avait été continuée.

Un matin, au moment où l’abbé venait de faire dire à ses élèves une courte prière pour demander à Dieu de bénir le travail de la classe qui allait commencer, on heurta à la porte de l’école.

Le prêtre alla ouvrir. Un inconnu se trouvait là.

— Monsieur, dit cet homme en anglais et sur un ton presque grossier, il y a dans la rue quelqu’un qui demande à vous dire deux mots.

— Quel est ce quelqu’un ? demanda l’abbé en dardant sur l’inconnu un regard profond.

— Je ne puis vous dire son nom.

— En ce cas, priez cette personne de venir me dire ses deux mots ici même.

L’homme inclina la tête sans répondre et se retira.

L’abbé referma la porte sans même regarder dehors. Il regagna son pupitre et commença la classe.

Cinq minutes s’étaient à peine écoulées qu’on frappa de nouveau à la porte, plus rudement cette fois.

— Entrez ! dit tranquillement l’abbé Marcotte,

La porte s’ouvrit pour livrer passage à Harold Spalding accompagné de l’homme, qui s’était présenté en premier lieu, et de deux agents de police.

À la vue de son ennemi, l’abbé ne sourcilla même pas.

Simplement d’une voix sévère il dit :

— Monsieur Spalding, permettez-moi de vous