— À nous venger ! répondit le même jeune homme.
— Soit nous nous vengerons. Seulement, étant les moins forts nous finirons par perdre tout à fait la cause noble et sainte que nous défendons avec tant de courage et d’héroïsme.
— Et à quoi nous mènera la folie de prendre la défense de nos ennemis ? demanda vivement Raoul Constant.
— Au respect de nos droits par ces ennemis ! répondit Jules avec une ferme conviction.
— C’est impossible ! firent des voix incrédules.
— Il n’est pas impossible de faire trêve dans le danger commun, rétorqua Jules Marion. Mettons de côté les animosités et les luttes de famille. Aujourd’hui un autre ennemi se dresse, peut-être plus dangereux, et presque seule la France lui fait face. Mais l’ennemi est puissant, la France a besoin de secours, allons au secours de la France. Ah ! nous ne pouvons pas renier ce noble et généreux sang gaulois qui coule, brûlant, dans nos veines ! Oui, pourquoi ne pas porter notre bras canadien à l’appui de la France ? Qu’importe que ce soit sous les couleurs britanniques ! Qu’importe que ce soit dans l’uniforme kaki !