Page:Féron - La revanche d'une race, paru dans L'Étoile du Nord, 1927-1928.djvu/82

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À cet endroit, nos deux personnages se trouvaient arrêtés près de terrain vacants où croissaient des bouquets d’arbres, dont les feuilles bruissaient légèrement sous les timides souffles d’une brise nouvelle.

Plus loin, à travers une éclaircie, on voyait s’agiter des lumières comme s’agitent des feux-follets dans un champ. Et de ce point surgissaient de vagues murmures de voix humaines, de confus appels mêlés de rires étouffés par la distance : tout cela semblait venir de très loin comme apporté par des échos endormis.

Là, c’était le campement temporaire d’un bataillon nouveau. C’était là, sous les blanches tentes que réchauffaient depuis quelques jours les rayons tièdes d’un soleil de juin, que naissait le bataillon Saint-Louis.

Mais Violette ne le savait pas ; et, quant à Randall, il l’ignorait peut-être.

Certes, les journaux avaient bien un peu parlé de la création d’un nouveau bataillon canadien-français, mais c’était tout.

Or, Violette avait remarqué ces lointaines lueurs, elle entendait les bruits qui venaient du camp militaire, mais ne parut pas s’en préoccuper.