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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/17

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PRÉFACE.

documens paraît sans doute bien peu satisfaisant ; mais l’essai publié par Brossard n’était en réalité que le programme de l’ouvrage qu’il voulait exécuter ; pour comprendre ce que ce livre aurait été, il faut lire les notes manuscrites qu’il a laissées, rangées par ordre alphabétique dans des porte-feuilles qui sont à la Bibliothèque royale de Paris. On y trouve beaucoup d’exactitude, parce que l’auteur de ces notes ne parlait que de ce qu’il avait vu, et il examinait avec soin, qualité qui a manqué à beaucoup de bibliographes. J’ai fait mon profit de ce travail ; il m’a servi souvent à rectifier des erreurs trop répandues, ou à me confirmer dans mes opinions.

En 1732, Jean Théophile Walther, organiste de la cour de Weimar, publia un dictionnaire de musique qui était à la fois technique et biographique, sous le titre de Bibliothèque musicale, ancienne et moderne[1] ; cet ouvrage est en allemand. Quelle que soit l’opinion qu’on se forme du plan que Walther avait adopté, on ne peut nier qu’il y a dans son livre une connaissance approfondie de l’art, des artistes, de leurs ouvrages, et une érudition peu commune. À l’époque où ce livre parut, il n’existait que peu de ressources pour le former. Walther ne pouvait pas être compilateur ; il ne pouvait parler que de ce qu’il avait vu, consulté, analysé ; car les catalogues de Draudius étaient à peu près les seuls ouvrages où l’on pouvait trouver alors des titres de livres ou d’œuvres de musique et des noms d’auteurs. Il est fort remarquable qu’un simple organiste d’une petite ville d’Allemagne ait pu, sans le secours d’une grande bibliothèque, remplir la tâche difficile qu’il s’était imposée, lorsqu’il entreprit un semblable travail. Bien des omissions et des erreurs, inséparables des ouvrages de ce genre, y peuvent être sans doute signalées, et l’immense nomenclature de noms qu’il y faudrait ajouter pour remplir les vides qu’y a laissés un siècle écoulé depuis sa publication, le rend maintenant insuffisant ; mais tel qu’il est, ce livre m’a été souvent utile : les compilateurs qui l’ont mis à contribution n’ont pas toujours imité son exactitude.

Un autre savant homme de l’Allemagne, Mattheson, dont le goût n’était malheureusement pas aussi pur que les connaissances étaient étendues, fut le

  1. Alte und neue musikalische Bibliothek, oder musikalisches Lexikon, darinnen die Musici, so sich bey verschiedenen Nationen durch Theorie und Praxis hervor gethan, etc. Leipsick, 1732, in-8o.