Aller au contenu

Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
clxxi
DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

le second à ut, le troisième, à fa, le quatrième, à sol au-dessus de ce fa, le cinquième, à ut (octave supérieure), le sixième, à fa (octave supérieure), le septième, à sol aigu. Mais dans l’étendue de l’échelle divisée de cette manière, le septième son, que nous désignons aujourd’hui par la syllabe si, se présentait trois fois, tantôt à l’état de bémol, tantôt à celui de bécarre, suivant la nature des tons du plain-chant ; or, dans le système des hexacordes, il n’y avait point de nom pour cette note, puisqu’on avait réduit les syllabes appellatives au nombre de six, c’est-à-dire, ut, ré, mi, fa, sol, la. C’est l’absence de cette septième note qui causait tous les embarras de la solmisation par hexacordes, car pour remplir l’intervalle qu’elle laissait dans l’étendue de l’échelle, on n’imagina pas de meilleur moyen que de changer le nom des notes, suivant les circonstances, et d’appeler ut tantôt sol, tantôt fa, tantôt ut ; en sorte que le premier hexacorde, qui commençait par sol grave, au lieu d’être solfié par les syllabes sol, la, si, ut, ré, mi, l’était par ut, ré, mi, fa, sol, la ; le deuxième, commençant par ut, était solfié par les mêmes syllabes ; enfin, la troisième, qui commençait par fa, et dont les notes auraient dû être appelées, fa, sol, la, si bémol, ut, ré, était aussi solfié par les mêmes syllabes ut, ré, mi, etc. ; et ainsi des autres. La conséquence inévitable d’un tel système est que chaque note avait trois noms dont il fallait l’appeler en solfiant, suivant les circonstances ; car lorsqu’une mélodie sortait des bornes de l’hexacorde, il fallait, avant que cette sortie eût lieu, changer ut en fa ou en sol, sol en ut ou en fa, fa en ut ou en sol, et nommer les autres notes d’après ces changemens. La règle principale de ces muances était qu’il fallait appeler les deux notes de demi ton qui se trouvent entre mi, fa, et si, ut, des noms de mi-fa, quand ces notes montaient, et de fa-mi, quand elles descendaient. Plusieurs fois de pareils changemens se présentaient dans le cours d’une mélodie, et de là résultait une incertitude sur le nom qu’il fallait attribuer aux notes, incertitude dont n’étaient pas toujours exemptés les chanteurs qui avaient acquis le plus d’habitude par la pratique.

Bien que les gammes d’hexacordes commençant par sol, par ut ou par fa se nommassent toutes trois ut, ré, mi, fa, sol, la, elles n’étaient point désignées de la même manière : chacune avait son nom particulier. Ainsi, la gamme qui commençait par ut ne contenait point le septième son que nous appelons si ; on lui donnait à cause de cela le nom d’hexacorde naturel ; la gamme qui commençait par fa, avait pour quatrième note le si bémol, et on l’appelait hexacorde mol ; enfin, celle qui commençait par sol avait pour troisième note