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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/239

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DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

de l’école du violon, et a marqué le temps de ses plus rapides progrès.

Il y a lieu de croire que dès le seizième siècle l’art du chant était enseigné d’une manière systématique en Italie, et que dans les écoles qui existaient à Rome dès 1550, on ne se bornait pas à instruire les élèves dans l’art de lire et d’écrire la musique. Cependant il paraît qu’Alexandre Guidotti, de Bologne, est le plus ancien auteur qui a publié une instruction sur l’exécution de divers ornemens du chant, dans son avertissement mis en tête de la Rappresentazione di anima e di corpo d’Emilio del Cavaliere, publié en 1600. Peu de temps après, il y avait déjà des écoles de chant organisées à Rome, et cet art difficile y était étudié avec soin : l’une des meilleures et des plus célèbres fut établie par Virgile Mazzocchi, qui devint maître de la chapelle du Vatican en 1629, et qui mourut en 1646. Angeli Bontempi, qui avait été élevé dans cette école, nous a fait connaître, dans son histoire de la musique, quel était le mode d’enseignement qu’on y mettait en pratique ; le passage est assez curieux pour qu’on en voie ici la traduction avec intérêt. Voici comment s’exprime Bontempi[1].

« Les écoles de Rome obligeaient les élèves à employer chaque jour une heure à chanter des choses difficiles, pour acquérir de l’expérience. Une autre heure à l’exercice du trille, une autre aux passages (rapides), une autre à l’étude des lettres, une autre aux vocalises et exercices du chant, sous la direction d’un maître et devant un miroir, afin d’acquérir l’assurance qu’on ne faisait aucun mouvement inconvenant, soit des muscles du visage, soit du front, des yeux ou de la bouche. Tout cela composait l’emploi de la matinée. L’après-midi une demi-heure était consacrée à l’étude de la théorie ; on donnait une autre demi-heure au contre-point sur le plain-chant, une heure à recevoir et à mettre en pratique les règles de la composition sur la cartelle[2], une autre à l’étude des lettres, et le reste du jour à l’exercice du clavecin, à la composition de quelque psaume, motet ou canzonette, ou de toute autre espèce de pièce, selon ses propres idées. Tels étaient les exercices ordinaires les jours où les élèves ne sortaient pas de la maison. Quant aux exercices du dehors, ils consistaient à aller souvent chanter et écouter la réponse d’un écho situé hors de la porte Angelica, vers Monte Mario, pour que chacun pût juger de ses propres accens ; à chanter dans presque toutes

  1. Historia musica, part. 1a, p. 170.
  2. Peau d’âne préparée pour écrire la musique.