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Page:Fétis - Biographie universelle des musiciens, t1.djvu/59

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DE L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE

firent renaître les règles découvertes par Lyng-lun. Parmi les lettrés qui s’appliquèrent à débrouiller le chaos de l’antiquité, deux savans, Sou-sieou-sun et Tchang-ouen-cheou, s’occupèrent de musique. Ils donnèrent par extrait ce qu’il y avait de meilleur dans les ouvrages des auteurs qui les avaient précédés, et en particulier dans ceux de King-fang, qui vivait vers l’an 58 de l’ère vulgaire, et de Lin-tcheou-kieou, contemporain et ami de Confucius.

Cinq dynasties régnèrent après les Tang dans le court espace de temps compris entre les années 907 et 860. Alors la Chine redevint guerrière, et la musique fut négligée comme les autres arts, ou du moins altérée dans son système fondamental. Les empereurs de la famille des Soung vinrent ensuite réparer les désastres de ces temps de malheur, et s’appliquèrent à rendre à la musique son ancien éclat. Il paraît que depuis lors le système de la gamme n’a plus changé et que l’art a été rétabli dans ses anciens principes.

Le résultat de la conservation perpétuelle d’un système de tonalité ou de la forme de la gamme est l’impossibilité absolue de progrès dans l’art : de là vient que la musique des peuples orientaux, et en particulier des Chinois, est restée à peu près stationnaire depuis bien des siècles, sauf quelques légères modifications qu’il serait assez difficile d’apprécier aujourd’hui. Quant aux regrets exprimés par les philosophes et les lettrés de la Chine sur la perte de la musique ancienne et des miracles qu’elle opérait, il ne faut y voir que cet amour du merveilleux qui existe chez tous les peuples et qui fait croire aveuglément aux choses surnaturelles. Dans la forme de la gamme ou de l’échelle mélodique de la musique chinoise, il n’y a point de variété possible : il y a donc lieu de croire que cette musique est aujourd’hui peu différente de ce qu’elle était autrefois. Il est bien vrai que dans la traduction que M. Klaproth a donnée d’un passage de la préface du livre de Ma-touan-lin, il est dit : « Je parlerai des six mesures, et je finirai par ce qui appartient aux huit tons. Je distinguerai dans chacune de ses particularité le mode Ya ou du grand (c’est-à-dire le mode chinois), le Hou, ou mode étranger, et le Sou ou mode vulgaire ; » mais il n’est pas certain que ces huit tons dont parle l’auteur ne sont pas les huit sons de la gamme complète, car on sait que la plupart des littérateurs écrivent ton pour son lorsqu’il s’agit d’une note quelconque de la gamme. Il y a lieu de croire que dans ce passage le mot ton a été pris dans cette acception, car le P. Amiot dit positivement (Mém. p. 157) que, suivant les Chinois, le ton est un son modifié qui a quelque durée.

La gamme, l’unique gamme de la musique des Chinois est composée de