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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/12

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— Le notaire te donnera autre chose. Et quand nous aurons cette autre chose… pas ce soir, car je sens ma tête bien faible… je t’expliquerai…

Roland prit sa main qu’il porta à ses lèvres, disant :

— Des explications de toi à moi, maman chérie !

La malade le remercia d’un regard qui disait à la fois l’élan de son amour maternel et la fière candeur de sa conscience.

— Pas comme tu l’entends, reprit-elle. Il n’y a pas de mystère autour de ce pauvre argent,… ton dernier argent, mon fils ! mais il est des choses que tu dois savoir,… un secret, qui est à toi,… qui est ton héritage : un lourd secret ! Prends le portefeuille, mon Roland, et compte les billets de Banque. Il y en a vingt. Un de moins, ce serait la ruine de ma dernière espérance !

Roland compta les billets, depuis un jusqu’à vingt, et les remit dans leur enveloppe.

Thérèse continua :

— Ferme bien le portefeuille et tiens-le à la main jusque chez le notaire. Je te répète le nom : M. Deban, rue Cassette, no 3. Tu as bien écouté, n’est-ce pas ?

— Oui, ma mère.

— Écoute mieux ! Il faut parler au notaire lui-même, et qu’il soit seul quand tu lui parleras. Tu lui diras : je suis le fils de Madame Thérèse. Ne t’étonne pas de la façon dont il te regardera. C’est un homme qui… mais peu importe… Où en suis-je ? t’ai-je dit ce que le notaire devait te donner ?

— Vous êtes bien lasse, ma mère. Non, vous ne me l’avez pas dit encore.

Thérèse passa ses doigts tremblants sur son front.

— C’est vrai, murmura-t-elle, je suis bien lasse ; mais je reposerai mieux quand j’aurai tout dit. En échange des vingt mille francs, le notaire te donnera trois papiers : un acte de naissance, un acte de mariage, un acte de décès… répète cela.