Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/137

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que chose de bizarre : pour entendre ce rapport, la vieille religieuse venait au seuil de sa cellule, et la garde-malade restait dans le corridor.

Le dimanche soir, douzième jour après l’arrivée du blessé dans la nuit du mercredi des Cendres, une neuvaine fut commencée à la chapelle de la Vierge. La communauté tout entière reçut invitation d’y prendre part.

La veille, la garde-malade avait dit dans son rapport quotidien : « Ce matin, il a remué en dormant. Quand il s’est éveillé, ses yeux se sont ouverts, et son premier regard m’a fait croire qu’il allait parler. Mais quand il a vu que mes yeux étaient sur lui, sa prunelle s’est éteinte. »

La mère Françoise d’Assise resta un instant pensive. La Davot eut un louis. On lui dit : « Redoublez de surveillance. »

Dans la journée, le père jésuite rendit visite au blessé pour lui offrir les secours de la religion. Il le trouva, selon ses propres expressions, engraissé et plus frais. La blessure allait parfaitement bien et promettait une guérison prochaine. Mais autant eût valu parler à une pierre. Le malade ne donna aucun signe de sensibilité, il était sourd, aveugle et muet.

La mère Françoise d’Assise avait bien recommandé à la Davot de garder bouche close sur tout ce qui avait trait au blessé. Mais, le moyen ? Un louis qu’on montre au travers d’un abondant et prolixe bavardage à la jaune jalousie des voisines vaut deux louis pour le moins. La Davot parla et se vanta. Elle mit cent francs où il s’agissait d’une pistole. Le quartier, là-bas, est tranquille, mais provincial au plus haut degré. La rue de Vaugirard entra en émotion et se prit à causer avec la rue du Cherche-Midi qui fit signe à la rue de Sèvres : toutes longues et bonnes rues qui n’ont pas grand-chose à faire en dehors de leur salut. On babilla à la porte des innombrables couvents et chapelles, les bedeaux eurent des « renseignements ». L’histoire du Buridan, beau comme l’amour et plus