Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

froid vient. Roland referma la porte tout doucement et mit la clé dans sa poche.

Il se trouva dans un froid vestibule, éclairé par un quinquet collé à la muraille. Dans la direction où, selon lui, devait être la sortie extérieure, il entendit des murmures chuchotants et touffus, comme si tout un conciliabule de discrets bavardages était là quelque part entre lui et la liberté.

C’était assurément de quoi faire reculer le plus hardi des hommes ; mais Roland marcha droit au péril. À l’issue du vestibule s’ouvrait une petite cour où était la conciergerie, où un véritable rassemblement de sœurs converses prolongeait la veillée.

On causait là dru comme grêle et la prodigieuse absence de la mère Françoise d’Assise faisait l’objet de l’entretien. Depuis une heure ou deux que cet entretien durait, toutes les suppositions humainement imaginables avaient été mises sur le tapis. On en était à se demander si M. le duc n’était point par hasard l’assassin du malheureux jeune homme.

La tourière aperçut un corps étranger qui faisait ombre à l’entrée de sa loge, et reconnut le châle neuf de la Davot.

— En voilà une à qui on en a donné ! murmura-t-elle.

— Celle-là doit en savoir long ! fut-il répondu.

— Est-ce qu’il y a quelque chose, Madame Davot ? reprit la tourière à haute voix.

— Je veux jeter un coup de pied jusque chez nous, répliqua Roland sous sa marmotte en imitant avec une admirable précision l’accent nasal et traînant de la garde, rien qu’une minute, vous comprenez, pour montrer toutes ces affaires-là à mon homme un petit peu.

— Et le blessé reste seul ?