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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/178

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— Non point, par exemple ! Y pensez-vous ! sœur sainte Lucie est avec lui.

Sœur sainte Lucie était une des deux braves religieuses qui, de leur autorité, avaient installé Roland dans le parloir, la nuit du mardi-gras.

Roland resta tout pantelant après avoir fait ce mensonge, car il craignait que sœur sainte Lucie ne fût là dans quelque coin pour lui lancer un écrasant démenti.

La chance fut en sa faveur. Sœur sainte Lucie n’aimait point bavarder et reposait dans sa cellule.

— Une jolie manière de porter les châles, Madame Davot ! dit la tourière.

— C’est notre mode, de l’autre côté de Valenciennes, reprit Roland, et les fluxions me cherchent, savez-vous.

La tourière tira le cordon en grommelant :

— La mère n’est pas encore rentrée, Madame Davot. Vous avez peut-être bien une commission à faire pour elle ? Je ne vous demande rien, non !… Mais si vous n’étiez pas une protégée, je saurais ce que j’aurais à vous dire.

Elle se tourna vers le cénacle et ajouta :

— Quand on refuse quelque chose à celle-là, c’est toujours une histoire !

Roland était déjà dans la rue.

— Comme elle paraît grande, ce soir ! dit une sœur converse.

— Et maigre, dit une autre.

— Mais, à la fin des fins, pourquoi la mère Françoise d’Assise a-t-elle été en ville ? demandèrent à la fois une demi-douzaine de voix.

Et la discussion reprit plus attachante que jamais.

Roland était appuyé au mur extérieur du couvent et tenait sa poitrine à deux mains. Ce premier danger surmonté le laissait sans force. Il se sentait près de dé-