Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/241

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bande-noire, de la maison mise en vente et de l’atelier menacé d’exil, M. Baruque, demi-caché derrière le tuyau du poêle, écoutait attentivement Similor, qui, serré de près par Mlle Vacherie, l’Ours, le Physicien, l’Albinos, le Poète et le premier rôle, disait mystérieusement :

— Méfiance ! La chose de « fera-t-il jour demain » est en baisse pour le quart d’heure actuel, mais on peut encore piquer une affaire de temps en temps. J’ai eu cent francs pour m’avoir promené un petit peu au coin de la rue Cassette, le jour qu’ils ont monté chez le notaire du numéro 3 par la fenêtre… Si ça vous va de travailler, on vous présentera, mais pas un mot à l’imbécile, là bas : c’est pas un homme ! Il a descendu au sexe de nourrice !

Il montrait du doigt Échalot, qui, à bout de patience, venait de fourrer d’autorité le morceau de cervelas dans la gorge de Saladin. L’enfant, étouffé, criait avec désespoir. Échalot, heureux de son succès, lui tapait doucement entre les deux épaules, disant :

— Tu vois bien que c’était pas la mer à boire ! te voilà sevré sans t’en apercevoir, et tu me le dois, Saladin, pour le reste de tes jours !

Le malheureux enfant fut secoué par une dernière convulsion et resta sans mouvement.

— C’est ça, approuva Échalot. Fais ton petit dodo ; moi, je vas déjeuner.

En ce moment, Cascadin, le dernier des derniers, ouvrit à deux battants la porte de l’atelier et s’écria d’une voix retentissante :

— Les loups cerviers !

Puis il ajouta en tirant sa casquette :

— C’est pour avoir l’honneur de vous annoncer la bande noire qui vient jouer avec nous à « ôte-toi de là que je m’y mette » ! Saluez !