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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/322

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temps-là ? C’est une donnée !

— Ah ! soupira le bon Jaffret, une vraie donnée !

— Et comment allons-nous régler cela ? demanda Roland, qui mit sa main au-devant de ses lèvres pour dissimuler un léger bâillement.

Comayrol et Jaffret rapprochèrent leurs sièges.

— Nous aimerions un peu de comptant, dit Jaffret.

— Allons donc ! fit Comayrol, si j’étais tout seul, moi, je me contenterais de la parole de M. le duc.

— Mais vous êtes beaucoup ! laissa tomber le jeune peintre.

— Malheureusement, confessa Jaffret avec un gros soupir.

Roland se leva et dit négligemment, comme s’il se fût agi de l’affaire la plus simple :

— Je pense que le mieux sera de vous souscrire quelques effets.

— Excellent ! approuva Comayrol. Trente lettres de change de cent mille francs chacune.

— Signées comment ?

— Roland, duc de Clare.

— Ah ! ah ! fit le jeune peintre qui sourit. Je m’appelle donc Roland, de mon petit nom ?

— Bien entendu, répliqua Comayrol, que si les renseignements ou souvenirs possédés par vous ne sont pas suffisants, — car vous ne vous êtes pas déboutonné avec nous, Monsieur Cœur, — nous vous fournirons le nécessaire… En dix ans, vous comprenez, on a rassemblé tous les détails. Nous sommes ferrés à glace !

— À l’ordre de qui les lettres de change ? demanda Roland au lieu de répondre.

À son tour, Comayrol se leva et Jaffret l’imita aussitôt. Comayrol dit en appuyant sur chaque mot :

— Peut-être cela va-t-il vous surprendre, mais les mandats doivent être à l’ordre de M. le comte du Bréhut de Clare.

— Mon Dieu ! non, répliqua Roland qui repoussa son siège, comme pour donner formellement congé. Cela ne me surprend