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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/323

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pas plus que le reste.

Nos deux diplomates s’inclinèrent et Comayrol prit les devants, pour se diriger vers la porte. Jaffret le suivit à reculons. Il était la politesse même.

Avant de passer le seuil, Comayrol se retourna.

— Je suppose, dit-il, que nous pouvons considérer l’affaire comme faite.

— Cela va sans dire, ajouta Jaffret.

— Permettez, répliqua Roland qui les reconduisait de loin, je n’ai pas engagé ma parole. La position me plaît assez et je crois être à la hauteur… Mais j’avais d’autres vues. Cela dérange certains petits projets… Messieurs, vous aurez ma réponse demain matin : un oui ou un non. J’ai bien l’honneur d’être votre serviteur.

Il salua de la main seulement et tourna le dos.

Comayrol et Jaffret gagnèrent la porte du jardin sans mot dire. Quand ils furent dans la rue des Mathurins-Saint-Jacques, Jaffret voulut parler ; Comayrol allongea le pas. Il monta d’un trait l’escalier de la maison neuve et ne s’arrêta que dans la salle à manger de Jaffret.

— Un verre de cognac ! s’écria-t-il, j’étouffe !

— Qu’est-ce que c’est que cet oiseau-là, demanda Jaffret, à ton idée ?

L’ancien premier clerc se versa coup sur coup deux verres d’eau-de-vie.

— C’est un parfait idiot, répliqua-t-il enfin, un splendide coquin ou un agent de police.

La coiffure à l’ange de Jaffret se dressa sur son crâne pointu.

— Lequel des trois ? balbutia-t-il.

Comayrol gronda :

— Il faut que les titres soient mis dans la caisse à défense et à secret, et que la combinaison soit changée. Je voudrais les enfouir à cent pieds sous terre. Ah ! vayadioux ! vayadioux ! jouons serré ! Pourquoi diable aussi cet imbécile de Lecoq s’est-il laissé mourir !

— Nous avons la comtesse… suggéra Jaffret.

Comayrol se frappa le front.