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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/337

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Charivari comme ça ! j’ai demeuré dans la propre maison de M. Lecoq et de Trois-Pattes ; j’ai fait la poule à l’estaminet de L’Épi-Scié…

— Les nouveaux ! répéta Roland impatient.

— Trois-Pattes a disparu, répliqua Similor, et le marchand d’habits aussi, M. Bruneau… Les nouveaux sont M. Jaffret et M. Comayrol, tous deux anciens clercs de l’étude rue Cassette, et vous sentez qu’ils en savaient les détours de ce sérail pour cause d’y avoir été nourris à la brochette.

— C’est tout ? demanda le jeune peintre dont les sourcils se fronçaient sous le poids de son travail mental.

— Non, patron, il y a encore le comte du Bréhut qu’ils appellent la brute…

Roland tressaillit.

— Ça vous étonne ! reprit Similor enchanté ; moi, j’étais là-dedans parce que c’est plein de personnes comme il faut. Il y a encore l’ancienne Marguerite de Bourgogne, femme du précédent : une vraie comtesse, oui ! qui était la bonne amie de Toulonnais-l’Amitié. Le gouvernement et les particuliers peuvent bien me payer : je suis un puits pour les renseignements… et une fois qu’on m’a dit : motus ! si l’intérêt y est, discret comme la tombe !

Roland pensait :

— Le comte aussi ! Et Marguerite… la comtesse ! Le tuteur et la tutrice de la princesse d’Eppstein !

La porte qui communiquait à sa chambre à coucher s’ouvrit :

— Une lettre pour Monsieur, dit Jean, le domestique.

Roland prit le pli et l’ouvrit : sa main trembla pendant qu’il lisait la lettre ainsi conçue :

« M. le comte et Madame la comtesse Joulou du Bréhut de Clare prient Monsieur Cœur de leur faire l’honneur d’assister au bal qui sera donné le mardi 3 janvier prochain, à l’hôtel de Clare.

» Le travestissement est de rigueur. »

Au bas, il y avait une signature Marguerite, tracée à la main et un paraphe délicat dont la vue amena de la sueur aux tempes de Roland.