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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/351

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toutes les entreprises ayant pour but de rétablir sur le trône d’Angleterre la race exilée des Stuarts. Ce fut un dissipateur double, jetant son or des deux mains aux conspirations et aux somptueuses folies de la cour française. Lorsque, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, George III confisqua enfin ses biens d’Angleterre, on le regardait déjà comme aux trois quarts ruiné, quoiqu’il possédât encore un revenu évalué à plusieurs centaines de mille livres.

Il était veuf, et sa cousine Rolande de Clare, qu’on appelait lady Stuart, tenait sa maison à Rome où il avait choisi sa résidence. On disait de celle-là qu’elle avait élevé ses regards très haut et que les rayons du soleil lui avaient brûlé le cœur ; d’autres prétendaient qu’un mariage mystérieux la rapprochait de ce trône déchu qui était son berceau. À la mort de Charles-Édouard, le second prétendant, elle porta le deuil de veuve et ne le quitta que pour prendre le nom de sœur Françoise d’Assise et revêtir l’habit de religieuse qui devait être son linceul, après tant d’années de morne pénitence.

Le duc William avait deux fils dont l’éducation se fit à Rome. L’aîné, Raymond, comte du Saint-Empire, en naissant, par don gracieux de Joseph II, son parrain, fut destiné à un grand état. On lui substitua tout ce qui restait des biens de France et d’Italie. Lady Rolande Stuart, sa marraine, acquit, en son nom, le château de la Nau-Fabas, en Dauphiné, qui touchait aux anciennes possessions de la famille et complétait un splendide domaine. Il devait être d’épée. Son frère puîné, Guillaume, fut réduit à la stricte portion des cadets de la noblesse anglaise. L’Église seule lui restait, avec la protection de son frère.

Lady Rolande Stuart était une femme d’un haut caractère et d’un courage presque viril. Elle accomplit comme il faut ses fonctions de mère près des fils du vieux duc William, qui s’en allait diminuant et tombant.

Lorsque vint la Révolution française, le vieux duc était mort ; Raymond venait de