Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/372

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spahi ou chasseur d’Orléans, je vous choisirais pour mon gendre !

J’étais notaire, c’est-à-dire bien plus, mais bien moins aussi qu’un conscrit. Il n’y a aucun bâton de maréchal dans le portefeuille d’un notaire. Tel il naît, tel il meurt ! notaire, notaire ! Soldat est un mot immense qui comprend tous les grades, toutes les gloires. Notaire est un mot étroit qui n’a qu’une signification : notaire !

La confiance du général duc de Clare me laissa, au moment de sa mort, deux missions qui, malheureusement, ne concordaient point entre elles : le décès de la mère Françoise d’Assise, qui était aussi ma cliente, rendit plus sacrée l’une de ces missions : celle qui m’était la moins chère.

Tu as deviné ces deux missions, ma sœur : la première était la tutelle de Nita, que j’ai gardée, malgré les tribunaux et les gens de l’hôtel de Clare, qui sont mes mortels ennemis ; la seconde était la recherche de l’héritier légitime des grands biens de Clare.

Dès longtemps, je te parle au moins de douze ans, j’avais eu vaguement connaissance d’un complot, ourdi à l’entour de cette riche succession, et tout à fait indépendant de ce marché dont je t’ai parlé déjà : l’achat des papiers, agité entre Mme Thérèse et Me Deban. Presque tous les clercs de l’étude trempaient plus ou moins dans cette machination, à la tête de laquelle était un homme d’une intelligence profonde, d’une audace remarquable, et que ses relations dans certain monde mystérieux auquel peu de gens croient, mais qui existe, rendaient très puissant.

Il s’agit de M. Lecoq, l’agent d’affaires du carré Saint-Martin, qui était le chef — ou le père des Habits Noirs.

On a colporté sur cette redoutable confrérie beaucoup de contes bleus. Elle exista, voilà ce que je puis t’affirmer, puisque j’ai reçu à trois reprises différentes, dans ce