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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/373

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cabinet où nous sommes, des propositions fondées sur des faits indiscutables et qui, acceptées, auraient changé mon humble fortune en une position immense. Dans le fauteuil que tu occupes, un homme s’est assis qui m’offrait la fille du banquier Schwartz avec trois millions de dot et la direction d’une caisse qui fait à la Banque de France une concurrence souvent victorieuse…

L’association, décapitée deux fois, existe-t-elle encore ? Je le crois, mais ses traces m’échappent.

Je le crois, parce que c’est elle qui va me tuer.

J’étais donc, je n’ai aucune raison pour le nier, en relations suivies avec ce Lecoq dont l’agence, établie en dehors de la police soudoyée par l’État, était néanmoins une police. Mon devoir est ici mon excuse. J’avais mission de trouver : je cherchais.

Appuyé sur un fait que je tenais, que je tiens encore pour certain, le grand désir que M. Lecoq avait de m’absorber dans l’association, j’essayai de me servir de lui pour remplir les dernières volontés de mes deux clients, ou plutôt pour sauvegarder les intérêts de la princesse d’Eppstein. Car, entre deux devoirs qui se contrarient, l’homme choisit malgré lui-même. L’impartialité n’est qu’un mot. Je voulais passionnément le bonheur de Nita, et je cherchais, non point l’héritier légitime, ce Roland, fils du général Raymond de Clare, mais la preuve que ce Roland n’existait plus…

— Et cette preuve, demanda Rose de Malevoy, dont la voix avait une singulière expression, l’as-tu trouvée, mon frère ?