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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/410

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XVIII

L’intérieur du bon Jaffret.


C’était ce fameux mardi, 3 janvier, jour de bal masqué à l’hôtel de Clare. Le carnaval commençait à Paris et promettait d’atteindre à des gaîtés folles. Ce fut l’année des légumes animés qu’on vient de reprendre à la Porte-Saint-Martin, tout comme la Tour de Nesle, et avec le même succès : Joyeuse année ! joyeuse poésie ! Et que d’esprit a ce peuple ! Les melons surtout et les betteraves ! Vîtes-vous jamais rien de plus désopilant ? On ne rencontrait plus de Buridans par les rues. Ah ! non, certes ; le moyen-âge était déjà mort, laissant derrière lui cette grande silhouette double et carrée : les tours de Notre-Dame, seul reste de tant d’ogives !

Elle fut bâtie deux fois, cette cathédrale, avec des matériaux immortels : du granit pour l’architecte, pour le poète du bronze.

De telle sorte qu’elle apparaît à ceux de ce siècle, basilique et poème, comme le fier memento des passions de l’art, un instant soulevées et puis mortes.

Pour mon compte, je préfère Buridan aux asperges ; mais Dieu ! qu’elles sont drôles, ces demoiselles, menées par leurs galants salsifis ! et les choux-fleurs, et les artichauts, et les navets ! Puissance divine ! se peut-il qu’une nation ait, à elle seule, tout le comique de l’univers ! quels