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Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/492

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présents et futurs.

Mme la comtesse traversait les salons en se dirigeant vers l’aile en retour qu’on appelait « le billard, » et qui était située immédiatement au-dessous de l’appartement du comte, son mari. En arrivant au dernier boudoir, elle appela du doigt un maître de cérémonies et lui parla bas un instant. Celui-ci alla droit vers la porte du billard, où quelques groupes se reposaient et causaient. La salle de jeu était dans l’aile opposée, à l’autre extrémité de la fête.

À dater de ce moment, sans affectation aucune, le maître de cérémonies resta en sentinelle à la porte du boudoir. Il laissait sortir, mais il s’inclinait silencieusement devant ceux qui voulaient entrer, et disait ces seuls mots, discrètement accentués :

Mme la comtesse vous prie de l’excuser…

On pensait ce que l’on voulait et l’on allait ailleurs.

De cette façon le billard se vida peu à peu, parce qu’on en sortait et qu’on n’y rentrait point.

La comtesse et Léon de Malevoy s’étaient éloignés. Au moment où ils reprenaient leur promenade en sens contraire, Léon demanda :

— Qui est ce Buridan qui danse avec elle ?

— Pauvre costume ! répondit Marguerite. Est-ce pour me rappeler le passé que vous l’avez choisi vous-même ?

Il y avait de la sévérité dans son accent. Léon n’y prit point garde et répéta :

— Qui est ce Buridan ?

— Un démodé comme vous… Je n’en sais rien.

M. Cœur est-il ici ? interrogea encore le jeune notaire.

— Je l’attends, répliqua Marguerite, mais je ne l’ai pas encore rencontré.

Le quadrille était fini : la princesse d’Eppstein et son cavalier passèrent à quelques pas d’eux, se dirigeant vers le billard.

Les deux Buridan échangèrent encore un regard.

La comtesse dit :