Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/16

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M. l’Amitié approuva du bonnet et choisit un bon vieux fauteuil où il s’assit commodément.

— Tu parles comme un livre, Meyer, mon ami, dit-il d’un ton doux et jovial. Est-ce que tu as les clefs de la cave ?

Meyer haussa les épaules, et M. l’Amitié reprit :

— Non ? le père Kœnig est un homme prudent… Alors, va-t-en au cabaret me chercher une bouteille de Mâcon cachetée à vingt-cinq.

L’Alsacien se dirigeait vers la porte, M. l’Amitié l’arrêta.

— Attends, continua-t-il, je vais te donner toutes tes instructions d’un seul coup. Tu viens toi-même de constater le faible de ton maître pour les plaisirs des champs ; en conséquence nous n’avons nulle crainte d’être dérangés. Jusqu’à voir, je suis ici chez moi…

— Comment, chez vous ! voulut interrompre Meyer.

— Tais-toi. Il va venir un brave jeune homme d’une trentaine d’années, un peu boiteux, et qui se sert en marchant d’une grosse canne de jonc à pomme d’ivoire ; il te demandera si M. Kœnig est à la maison, tu lui répondras : Oui.

L’Alsacien protesta par un geste énergique, mais il baissa les yeux sous le regard de M. l’Amitié, qui poursuivit :

— Et tu diras en t’adressant à moi : Patron, v’là quelqu’un qui voudrait vous parler. Je consentirai à recevoir le visiteur en question, et comme il m’est