envoyé par un ami, je l’inviterai à prendre un verre de vin. Tu apporteras alors, comme si elle venait de la cave, la bouteille de cacheté à vingt-cinq. Est-ce compris ?
— Et pourquoi tout cela ? demanda Meyer.
— Est-ce compris ? répéta M. l’Amitié.
L’Alsacien laissa échapper un geste d’impuissante colère.
— Et après ? demanda-t-il.
— Après, tu fermeras ta devanture et tu iras te promener.
— Mais vous ?
— Ne t’inquiète point de moi, répondit M. l’Amitié.
— Vous coucherez ici ?
— Il y a la petite porte de l’allée, mon fils.
— Elle est fermée.
— Voici la clef.
Meyer resta bouche béante à regarder le loquet rouillé que son interlocuteur lui montrait.
— Est-ce que papa Kœnig en mange ? balbutia-t-il.
— Peut-être bien, répliqua l’Amitié, qui remit ses mains dans ses manches.
Meyer avait les joues rouges jusqu’aux oreilles.
— Écoutez, s’écria-t-il, tout ça a mauvaise odeur et vous êtes capable de faire un méchant coup. Je suis un honnête homme, vous allez prendre la porte et tout de suite, ou j’appelle la garde !
M. l’Amitié croisa l’une sur l’autre ses jambes chaudement chaussées et s’arrangea le plus commodément qu’il put dans son fauteuil.