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LA BANDE CADET

ténébreuse association, c’est qu’un autre fou avait encore agi en dehors des bourreaux et des greffes, un fou qui risquait sa vie deux fois, comme Remy d’Arx lui-même, traqué en même temps par ceux qui attaquent la société et par ceux qui ont sans nul doute la bonne intention de la défendre.

Ce fou, c’était le docteur Lenoir.

Mais la bataille s’était livrée sans témoins. Ce qui en avait transpiré allait déjà vers l’oubli, et ceux qui auraient pu se souvenir ne voulaient déjà plus croire. Le docteur Abel faisait du reste de son mieux pour épaissir le voile qui couvrait le roman de son passé.

Quand on faisait allusion, par hasard, aux Habits-Noirs, il était le premier à sourire, disant de sa voix grave et vibrante :

— Est-ce que vous en êtes encore à croire à tout cela ? La cour a jugé : Il n’y a jamais eu d’Habits-Noirs.

Mon Dieu, non ; à l’exception des cinq ou six malheureux qu’on avait vus une fois porter ce nom en cour d’assises, toute cette absurde épopée du colonel Bozzo-Corona, le « père à tous » et de ses bandits, n’était qu’un tissu de fables.