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LA BANDE CADET

— Mère ! ô mère ! dit-elle, tu ne penses qu’à moi, et c’est lui qui va risquer sa vie !

Elle lui jeta ses deux bras autour du cou, et ses larmes jaillirent en abondance, bien différentes de celles qui coulaient de ses yeux naguère en présence de Georges.

— C’est vrai, dit-elle, c’est trop vrai ! et Dieu me punira ; jamais je n’ai pensé qu’à toi !

Elle sourit, parce que les baisers d’Albert essuyaient ses pleurs.

— Pourquoi, demanda-t-il doucement, ne veux-tu pas au moins que je l’embrasse ? Il le souhaitait, mère, et je l’aime bien.

Elle prit du temps avant de répondre. Les sanglots étranglaient sa voix.

— Je ne peux pas vous voir ensemble, balbutia-t-elle à la fin, en le pressant passionnément contre sa poitrine. Albert, mon pauvre enfant, il est ce que tu étais il y a un an, plein de vie, d’audace, de force, et toi…

— Et moi, je me meurs, interrompit Albert. Ah ! tu ne sais pas, tu ne sais pas à quel point il est plus heureux que moi, et de quel prix je payerais le danger qu’il va courir !