noblesse. Êtes-vous contente d’être noble, Clotilde ?
— Je suis contente, répondit la jeune fille, de n’être pas par ma naissance au-dessous de l’homme que je vais épouser.
— Me direz-vous enfin si vous l’aimez, chère enfant ?
— Il me plaît… je suis contente aussi d’être votre parente, madame.
Marguerite l’embrassa ; jamais femme n’avait su mieux qu’elle glisser un regard perçant à travers un sourire. Tout ce qu’il y avait en elle de ruse féline et d’implacable diplomatie était dans ce regard qui vous eût semblé bon comme celui d’une mère. Elle pensait :
— Qu’y a-t-il tout au fond de cette créature ?
Rien, peut-être. Et pourtant, Marguerite avait peur, parce qu’elle se souvenait de ses dix-huit ans à elle.
— Il me semble, pensait-elle encore, qu’à cet âge-là j’aurais joué sous jambe une femme aussi forte que moi !
Elle entendait : « aussi forte que je le suis moi-même à l’âge de… » Mais elle ne se disait jamais son âge.