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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/38

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LA BANDE CADET

incessu patuit dea ; un mouvement la trahit, un geste la dévoile. Ainsi en est-il de tous les chefs-d’œuvre de Dieu. Cachez une rose et son parfum la dénoncera.

Mais dans le vers de Virgile, Vénus marche, et c’est à son allure divine qu’elle est reconnue : celle-ci, la femme arrêtée au seuil, ne bougeait pas ; le charme étrange dont je viens de parler s’épandait de son immobilité même.

— Angèle ! murmura le malade dont l’œil eut une lueur ardente, pendant que ses pauvres joues pâles reprenaient une nuance de vie, approchez-vous de moi. Je vous remercie d’être venue.

Elle traversa aussitôt la chambre d’un pas rapide, mais silencieux. La panthère, cette créature charmante et terrible, marche sur des coussinets de velours. Le malade tremblait comme l’enfant qui a désiré violemment et qui voit tout à coup surgir son souhait accompli.

Elle s’arrêta à deux pas du chevet de son mari (car cette femme était Madame la princesse de Souzay, duchesse de Clare depuis la mort du général), à la place même où Morand était naguère.

Elle n’avait pas encore parlé, mais tout en elle disait la profonde émotion qui la poignait.