Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
LA BANDE CADET

— Angèle ! répéta le malade comme s’il eût éprouvé à prononcer ce nom une volupté mortelle qui l’exaltait et le brisait à la fois, approchez-vous.

Elle obéit.

— Donnez-moi votre main.

Elle obéit encore, mais quand le malade voulut porter cette main à ses lèvres, elle la retira, disant tout bas :

— Ne faites pas cela, monsieur le duc !

Il répondit, et son accent était plein de prières :

— Ne voyez-vous pas que je vais mourir ?

L’étoffe de la robe et le voile eurent un frémissement.

— Je voudrais, dit-elle, de sa voix grave et harmonieuse comme un chant, prolonger votre vie au prix de la mienne !

Un sourire incrédule erra sur les lèvres de M. de Clare, qui murmura :

— Vous serez libre après ma mort.

Elle baissa la tête et ne répliqua point.

— Que je vous voie encore une fois, dit-il.

Aussitôt, elle leva son voile.

Ce fut comme un éblouissement dans cette chambre de deuil : un front de jeune fille, tout radieux