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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/43

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LA BANDE CADET

fléchirent d’un brusque mouvement et le malade étonné la vit prosternée à son chevet. Il voulut protester, elle lui ferma la bouche d’une main amie, qu’il baisa malgré lui passionnément.

— William, reprit-elle, ce n’est plus pour implorer votre pardon, c’est pour vous accorder le mien ; c’est aussi pour que vous m’entendiez de plus près et que votre regard voie mieux au-dedans de mon âme. J’étais la fiancée d’un homme qui m’aimait ardemment, et que je croyais aimer ; j’étais sa femme devant Dieu, et c’est envers lui que je suis criminelle, car nous avions un fils. L’homme dont je parle, et dont autrefois il vous peinait d’entendre prononcer le nom…

— Abel Lenoir ! interrompit M. de Clare avec amertume.

— Abel Lenoir, poursuivit-elle, ne reculait pas devant notre union, au contraire. Quelque chose en lui est plus grand que son amour, c’est le devoir…

— Vous l’aimiez, celui-là !

— Plût à Dieu que je l’eusse aimé comme il méritait d’être aimé ! Je suis femme. Peut-être la noblesse, la sainteté plutôt de ce cœur où jamais n’en-