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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/131

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était pâle comme une morte. Se peut-il que Dieu laisse vivre un tigre pareil !

— Et encore, ajouta Échalot en fermant les poings, que l’Éternel lui a communiqué la capacité de se dissimuler dans Paris sous des déguisements divers, et tous impénétrables, sans discontinuer ses crimes et délits que l’administration n’y voit que du feu. Il était encore ici n’y a pas une heure et je causais avec lui bien tranquillement.

— Ici ! répéta la jeune fille, et vous, papa Échalot, qui êtes un honnête homme, brave et fort, vous ne vous êtes pas jeté sur lui ! Vous n’avez pas appelé les voisins, la garde !…

— Ne te monte pas ! interrompit le bonhomme, non sans quelque embarras. Tu vas comprendre. D’abord, de dénoncer comme ça le monde, c’est manquer à l’honneur ! À moins qu’on en soit de la préfecture, attaché et rétribué fixement ; or, j’y en ai été écarté, au contraire, comme ayant trop de moyens. En second lieu, un chacun a ses petites particularités intimes, qui l’empêchent de s’approcher de trop près du gouvernement. En troisième, quoique innocent, je le jure, j’ai été compliqué, malgré ma probité, dans des intrigues importantes de premier