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LA BANDE CADET

Mais les voix de la foule ajoutèrent avant que j’eusse parlé :

— C’est le Manchot ! Clément le Manchot ! Il n’en est pas à son coup d’essai, celui-là !

Je fus presque joyeuse.

La police avait donc tombé juste cette fois.

Je me retournai vers tante Adèle, pensant la trouver terrifiée, mais je me trompais : il y avait un méchant sourire derrière son inquiétude affectée, elle disait à pleine voix :

— Il a la tête d’un redoutable coquin, ce malheureux ! Mais qui donc a-t-on assassiné ?

Sur ma conscience, en l’entendant parler ainsi, le doute me venait. Je ne pouvais plus croire à ce que j’avais vu de mes yeux tout à l’heure.

Un grand mouvement se fit derrière la voiture, et un éblouissement passa devant mes yeux.

C’était le meurtrier, conduit ou plutôt porté par une demi-douzaine d’agents qui le rudoyaient.

Une véritable cohue suivait en le couvrant d’injures, et, dans cette foule, je reconnus la servante qui criait plus haut que les autres, en se frottant les yeux avec son mouchoir.