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LA BANDE CADET

tout l’or du monde dans leur paillasse. J’avais prédit ça.

Je ne saurais dire comment la cour s’était remplie en un clin d’œil. À la portière ouverte de la voiture arrêtée maintenant devant la loge, je vis les lunettes de tante Adèle, qui avait ses cheveux gris frisés et son grand chapeau à plumes.

Elle demanda d’un air inquiet :

— Qu’y a-t-il donc, mes amis ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ?

Par l’autre portière qui s’ouvrit aussi je fus lancée dans la voiture et le Manchot disparut.

Dans la voiture, je me trouvai entre le bon Jaffret et la comtesse Marguerite qui demandaient également d’un air étonné :

— Qu’est-ce que c’est que tout cela ?

— L’assassin ! l’assassin ! crièrent ensemble cinquante voix, car la cour regorgeait.

Malgré M. Jaffret qui me tenait à bras le corps, je m’élançai à la portière. Je voyais déjà par la pensée la pâle figure d’Albert au milieu des hommes de police qui le tenaient garrotté comme un criminel, et je rassemblai mes forces pour crier : « Il est innocent ! » au risque de tout ce qui pouvait advenir.