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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/269

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comme un poème énorme et qui durait longtemps, longtemps. Cette part de votre déjeuner, c’était un grand bienfait qui me sauvait la vie. Et je crois bien encore qu’il en fut ainsi. Je ne grelottai plus quand vous fûtes auprès de moi… Mais par exemple, c’est vous qui me fîtes oublier la prière…

— Ah ! murmura Georges, c’est vrai ! La prière… Mais que m’importe cela, maintenant !

— Ce n’était plus en latin, reprit encore Lirette, que je voulais parler à Dieu, il me fallait lui dire des choses que je pusse comprendre. Quand je m’enfuis de chez le marbrier, je croyais vous trouver encore au cimetière. Je cherchai bien longtemps, et comme je pleurais !… Le soir, dans la baraque du pauvre homme qui me recueillit, au lieu de mon Oremus je dis en joignant mes petites mains : « Clément, Clément, je veux Clément, mon Dieu ! qu’il soit bien heureux et bien joyeux. Délivrez-le de tout mal. Faites que je le retrouve et que je lui donne aussi quelque jour de mon pain… avec toute mon âme ! »

Il écoutait ces paroles qui l’enveloppaient comme une musique. Sa pensée flottait.

Il la contemplait à chaque instant plus belle.

Elle triomphait, mais tout bas, et il restait juste