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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/306

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Nous n’avons pas oublié que le colonel avait défendu qu’on touchât un cheveu de la tête du bâtard, et nous savons que Marguerite avait combiné d’avance le piège qui devait être tendu à la misérable mère.

Elle était femme, sinon mère, elle-même ; elle devinait que tout l’amour de la mère se concentrait sur le fils déshérité, sur le vaincu.

Dans cette épreuve, qui ressemblait de loin au jugement de Salomon, elle était déterminée à frapper celui qu’Angèle désignerait comme étant le fils légitime, bien certaine ainsi de ne se point tromper, puisqu’elle comptait sur le mensonge de l’amour.

— Madame, dit-elle, cherchant à ressaisir, sinon le calme, du moins la clarté de sa pensée, si vous avez sujet de nous mépriser et de nous craindre comme des criminels que nous sommes, il nous est permis à nous d’avoir défiance de vous. Votre vie n’est pas irréprochable.

— C’est vrai, balbutia Angèle qui éclata en sanglots, c’est vrai, j’ai péché ; mais se peut-il qu’un châtiment si atroce me soit réservé !

— Nous ne prétendons en aucune façon punir, répliqua Marguerite, mais bien prendre nos sûre-