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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/47

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Son regard clignotant derrière ses lunettes peignait une complaisance heureuse et un amour de soi sans bornes. C’était avec un plaisir évident et profondément savouré qu’elle poursuivait son examen de conscience.

— Mon bijou, reprit-elle, si on écrit jamais ta biographie, ça intéressera les diverses classes de la société, princesses et couturières. En as-tu joué des rôles pour sauver ce cou qui manque un peu de rondeur, c’est vrai, mais qui tient solidement aux épaules ! Tu as été la Maillotte, la reine des échappées de Saint-Lazare ; tu as été bedeau, cocher, directeur de commandites, maçon, marbrier, limonadier et membre du bureau de bienfaisance ; tu as fait de la banque à la bourse et à la foire, des mariages, des éducations, de la gymnastique… et pas trop de bêtises, non !… Quelques-unes pourtant : le mariage d’Angèle avec le duc, prince de Souzay (pauvre brave homme !), le bras cassé de Clément… je le croyais fils d’Abel Lenoir, figurez-vous, et je voulais jouer à Angèle ce tour d’espièglerie. Il y a des moments où j’ai idée qu’il m’en cuira. Angèle ! Chaque fois que je m’occupe de celle-là pour la servir ou pour lui nuire, je suis mordue ; mais c’est plus fort que