Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/48

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moi, il faut que je m’occupe d’elle — toujours : je crois qu’elle est ma destinée !

Tout en parlant, car Adèle Jaffret ne pensait pas seulement toutes ces choses, elle les disait bel et bien, riant aux côtés gaillards de ses souvenirs et maugréant au reste, elle avait quitté la glace pour se rapprocher de la porte du cabinet. Elle l’ouvrit, et, à peine entrée, elle dégrafa sa belle robe de soie un peu froissée par son séjour dans la volière.

— Pas besoin de femmes de chambre, moi ! dit-elle.

Et, en effet, elle s’y prenait avec beaucoup d’adresse et de prestesse.

Sa robe tombée, elle apparut en jupon court sous lequel se montraient les deux jambes d’un pantalon d’homme, relevées jusqu’au genou. D’un seul tour de main, elle abattit sa coiffure de respectables cheveux gris ornés d’un bonnet à fleurs.

Nous accolions tout à l’heure l’un à l’autre ces deux adjectifs : grotesque et terrible. Il en faudrait ici deux autres du même genre, mais plus forts. La vue de ce crâne absolument chauve et montueux, surmontant un déshabillé de femme, d’où sortaient par en bas deux jambes osseuses, maigres, énergique-