Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et je vous l’affirme, tant nous connaissons peu et mal ce qui est tout près de nous, notre siècle croirait qu’on lui parle de la lune !

Échalot était un artiste au cœur plein de poésies chevaleresques ; Similor, son ami, également artiste, mais moins loyal, joignait à tous les défauts d’un bon « traître » le goût de l’argent qu’on emprunte aux dames. Échalot lui-même s’était avoué depuis longtemps que son Pylade ne jouissait pas d’un noble caractère.

Échalot n’avait pas fait fortune depuis cette soirée où nous le vîmes, à la fois nourrice et sentinelle, guetter la porte cochère de l’hôtel Fitz-Roy et allaiter le jeune Saladin au corps de garde de la rue Culture-Sainte-Catherine.

Probe, laborieux, délicat, sentimental, adonné à l’intrigue sans savoir ce que c’est, fidèle à l’honneur qu’il définissait vaguement et dans des termes inconnus aux moralistes, Échalot ne vivait pas bien, mais il vivait d’art, jaloux de son indépendance et vendant du poil à gratter.

Similor, père naturel de Saladin, ne s’était pas bien conduit avec Échalot ; il avait même essayé de l’étrangler, un soir (au mépris de l’amitié ! disait