Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
LA BANDE CADET

Ses inquiétudes, nous le savons, ne s’étaient pas endormies pour cela. Elle se sentait épiée d’en haut, d’en bas, de côté, enfin de quelque part ; mais du moins, elle était bien certaine que sa physionomie seule et celle de Georges pouvaient trahir le sens de leur entretien, poursuivi à voix basse.

De là le soin qu’elle mettait à monter sa naïve comédie, et, en dépit de tout, la médiocre confiance que lui inspirait son effort.

— Non, reprit-elle, riant à travers ses larmes, tu ne m’aimes pas comme je t’aime, Clément, il y a longtemps que je le crains.

— Mais si, je t’aime et de tout mon cœur, chérie…

— Ce n’est pas assez !

— Que dis-tu ?

— Ah ! je t’aime bien plus que de tout mon cœur.

— Tu es folle !

— Justement ! Et je te voudrais fou, toi aussi. Veux-tu que je te dise, quelque jour, tu en aimeras une autre comme je t’aime, moi, tu perdras la tête… et peut-être que c’est déjà fait !

Elle plongeait son regard au fond du sien si ardemment qu’il fut attiré vers elle comme si deux bras puissants eussent courbé sa taille tout à coup.