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LA CAVALIÈRE

donc pas mangé depuis le goûter, et me sentant creusé par mon chagrin, — moi, ça me produit cet effet-là, la peine, — j’entrai au cabaret de Droisy, à trois lieues d’ici, sur la route, pour demander un morceau de pain avec une chopine. J’étais si triste que ça ne me suffit pas. À ma troisième chopine et à mon troisième morceau aussi, on ne peut pas boire sans manger ; pas vrai, demoiselle, voilà qu’un tas de mal-voulants envahissent le bouchon. J’aime mes aises, vous savez ; je m’étais installé dans un bon petit cabinet, clos comme une boîte, où les vents coulis ne venaient point. Vous auriez fait comme moi, car vous soignez joliment votre corps. Enfin n’importe. Les malandrins tapèrent sur les tables, demandèrent du vin, du brandevin, le diable, quoi ! mais ils ne me virent pas plus que si j’avais été à la cave. Moi, je les voyais par les fentes de ma porte. Et devinez qui c’était ? le boiteux de là-bas, au Lion-d’Or…

— Un des assassins de mon père !