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LA CAVALIÈRE

Tout à l’heure, il guettait évidemment quelqu’un ou quelque chose ; maintenant il n’y avait plus là pour lui que son frère. Malgré l’obscurité, Yves crut voir qu’il tremblait.

— Tu es là ! répéta René, luttant contre le frémissement de ses lèvres. Pourquoi es-tu là ? Je t’avais défendu de sortir !

— Défendu ! balbutia Yves qui se sentit pâlir. Tu es rude avec moi, mon frère !

— Défendu ! prononça une seconde fois René. Tu es mon cadet, j’ai droit.

— Frère, dit Yves, je t’aime assez pour t’obéir ; mais tu es cadet comme moi, et tu n’as pas droit… Au nom de Dieu, tu étais là pour quelque chose. Calme-toi et faisons notre devoir, si devoir il y a !

Les feuilles sèches bruirent sous les taillis, et hors de vue. En même temps, le vent apporta des pas de chevaux qui semblaient aller paisiblement, au delà du coude de la route.