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LES MOLLY-MAGUIRES.

lui, s’imprégnaient de respect et d’amour, et lorsque Ellen Mac-Diarmid levait vers lui ses grands yeux noirs aux sombres reflets d’or qui rêvaient tristement, elle essayait de sourire.

Ellen avait vingt ans. Elle était grande, et son front pur, où se reflétait comme en un beau miroir l’inquiétude de son âme pensive, avait pour couronne les bruns anneaux d’une magnifique chevelure. Ses traits gardaient, dans leur exquise proportion, le caractère de la race celtique. Sous les contours harmonieux de sa joue on devinait la saillie de ses pommettes ; et la ligne fière de ses sourcils surplombait au-dessus de l’œil dont elle ombrageait les rayons trop vifs.

Ellen avait dû être gaie aux jours de son enfance ; elle savait encore sourire, et son sourire était bien doux ; mais quelque chose, parmi la hautaine beauté de son visage, parlait de fatigue et de souffrance.

Il y avait un rêve au fond de ce cœur ; la vierge avait perdu le repos des heures d’ignorance.

Autour de ses grands yeux, des larmes avaient coulé, de ces belles larmes amères et suaves qu’arrache la première angoisse d’amour.