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PROLOGUE.

Et pour pleurer, Ellen avait dû bien souffrir, car elle était forte et son âme se dressait contre la douleur aussi vaillante que le cœur d’un homme.

Son costume, bien qu’il ne ressemblât point à celui des ladys, n’était pas non plus en rapport exact avec la pauvre apparence de la ferme et les vêtements des convives.

Les neuf Mac-Diarmid, en effet, portaient tous l’uniforme du paysan irlandais : veste ronde en étoffe de laine légèrement plucheuse, dont la couleur noirâtre a de rouges reflets ; culotte courte d’un jaune cendré, bas de toile bleue sur lesquels se lacent des brodequins en cuir non tanné.

Ce costume, nous n’avons pas besoin de le dire, est celui des laboureurs aisés. La majeure partie des habitants des campagnes n’a guère pour vêtements que d’informes haillons, et pour chaussure que la peau durcie de la plante de ses pieds.

Les Mac-Diarmid pouvaient se considérer comme riches dans un pays où le dénûment est la loi commune.

Ellen portait un justaucorps de laine noire élégamment coupé, qui faisait valoir les gracieuses richesses de sa taille. Sa jupe, de même cou-