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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/196

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PREMIÈRE PARTIE.

tendre les sons de cette voix grave qui s’était faite si douce pour lui dire : « Au revoir. »

Et les façons de cet homme, à mesure qu’elle se souvenait, lui semblèrent si nouvelles !… Il y avait tant de différence entre l’intérêt des quelques paroles échangées et l’ennui uniforme du culte domestique qui l’entourait naguère !…

C’était tout un horizon qui s’ouvrait devant elle.

Vers le coucher du soleil, Ellen retourna s’asseoir le long du bordage, auprès du capitaine Percy Mortimer.

Elle y resta bien longtemps, si longtemps que Jermyn en perdit patience.

La jalousie le rendait fou.

Au moment où Ellen se levait pour se retirer, elle vit, entre elle et Percy, la forme d’un homme qui se dressait, le couteau à la main.

Ellen mit sa poitrine au-devant de l’arme, et Jermyn s’enfuit en pleurant.

Percy Mortimer avait reçu Ellen dans ses bras ; Ellen sentit ses membres se glacer et son front devenir brûlant…

Cette nuit, au lieu de son sommeil de vierge, elle eut d’ardentes veilles, toutes pleines de joies sans motifs et de souffrances inconnues.