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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/198

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PREMIÈRE PARTIE.

Percy ne s’étaient point dit qu’ils s’aimaient ; mais il s’était fait entre eux un involontaire échange de confidences.

Ellen avait appris au capitaine le motif du voyage de la famille ; Percy avait dit à Ellen que sa vie était vouée au labeur ingrat d’une entreprise qui dépassait peut-être les forces d’un homme.

Il avait dévoué sa jeunesse à l’accomplissement d’une grande pensée ; il s’était fait le bras d’une vaste intelligence ; il avait passé deux années en Irlande à préparer les bases d’un traité de paix entre les passions qui déchirent ce malheureux pays.

Protestant, il avait opposé une digue aux furieux envahissements des prétentions protestantes ; et en même temps il avait poursuivi, l’épée à la main, les ténébreux bataillons du whiteboysme.

Et il succombait déjà sous les haines liguées des deux partis extrêmes ; son dévouement portait ses fruits…

Ellen comprenait vaguement et admirait qu’on pût tirer l’épée pour conquérir la paix.

La tâche de Percy lui apparaissait grande et noble ; elle la voyait à travers son amour naissant et s’habituait vite à chercher ailleurs que